MAX, de Sarah Cohen-Scali
.
.
.
Auteur : Sarah Cohen-Scali
Titre : Max
Edition : Gallimard
Page : 470 _ Date de parution : 2012
Genre : historique jeunesse
Résumé : « 19 avril 1936. Bientôt minuit. Je vais naître dans une minute exactement. Je vais voir le jour le 20 avril. Date anniversaire de notre Führer. Je serai ainsi béni des dieux germaniques et l'on verra en moi le premier-né de la race suprême. La race aryenne. Celle qui désormais régnera en maître sur le monde.Je suis l'enfant du futur. Conçu sans amour. Sans Dieu. Sans Loi. Sans rien d'autre que la force et la rage. Je mordrai au lieu de téter. Je hurlerai au lieu de gazouiller. Je haïrai au lieu d'aimer. Heil Hitler ! »
x
Max est le prototype parfait du programme «Lebensborn» initié par Himmler. Des femmes sélectionnées par les nazis mettent au monde de purs représentants de la race aryenne, jeune idéale destinée à régénérer l'Allemagne puis l'Europe occupée par le Reich.
x
Une fable historique fascinante et dérangeante qu'on ne peut pas lâcher. Une lecture choc, remarquablement documentée, dont on ne sort pas indemne. [résumé quatrième de couverture]
x
Mon avis : Je fais cette chronique encore sous le coup de l'émotion, mais j'espère que je serais assez objective. J'ai beaucoup apprécié cette histoire en partie grâce à son originalité. On voit beaucoup de livre sur la Shoah, moins sur un sujet comme les Lebensborn, et encore moins, avec un narrateur du "mauvais côté de la barrière" (si je puis dire), du côté des méchants en somme (même si c'est encore une fois une formulation un peu maladroite).
x
C'est dont une histoire très originale. Je ne connaissais pas le projet Lebensborn avant et j'avoue que celui-ci est horrible. Le but est de faire naître des enfants sans amour, ils vivent et grandissant dans le seul but de devenir de bons soldats aryens, sans c½ur et sans scrupule. Comme quoi, il y a encore tellement d'horreurs dues au nazisme que nous ne connaissons pas. Terrible histoire... Bref, il y a quatre parties en tout. Chaque partie correspond à un lieu spécifique. Le premier au foyer (Lebensborn) à Steinhöring, et ainsi de suite. Les deux premières parties sont très étranges et très perturbantes. Cela peut s'expliquer par le fait que tout est du point de vue du personnage principal (point de vue interne, donc), Konrad (surnommé Max, d'où le nom du livre), ce qui donne des chapitres où il parle dans le ventre de sa mère et où il parle également en tant que nourrisson. Et c'est à cette époque là d'ailleurs, alors qu'il n'est même pas encore en âge de s'exprimer par la parole, qu'il voue le plus un culte à Hitler. C'est pour cela que la première moitié du roman est particulièrement surprenante, choquante et surtout dérangeante et déroutante. C'est un style, cela fait partie du charme du livre, ce n'est pas forcément un défaut, plutôt un constat. La suite du roman est largement plus nuancé en même temps que le protagoniste évolue. Et c'est d'ailleurs un élément perturbateur qui va pousser à la réflexion notre petit Konrad.
w
Parlons de la couverture. Très original également. Elle est à l'image du roman. Un bébé en noir, portant la croix gammé à son bras, des mesures autours de lui (que mesure sa tête, ses mains, sa largeur, sa taille, etc), tout cela sur un fond rouge. Rouge comme le drapeau du nazisme, rouge comme le sang (rouge comme le communisme, mais cette réflexion n'a pas sa place dans cette chronique).
x
Maintenant, les personnages. Je vais surtout parler du protagoniste, pour ne pas vous spoiler au maximum le roman, ce serait fort dommage, et là n'est certainement pas mon but (ma chronique est censé vous donner envie de lire ce livre, j'espère que je gagnerai cette mission de tout mon c½ur). Bref, Konrad von Kebnersol, aussi surnommé Max et Tête de Mort. C'est lui qui parle alors même qu'il est dans le ventre de sa mère, lui qui fait des remarques si savante (mais erronées, antisémite et fanatiques) et insultante, lui qu'on voit grandir tout le long du livre, jusqu'à la fin. C'est lui qu'on suit, et c'est ses remarques à lui qu'on a le "plaisir" de lire. Car oui, monsieur parle très crûment, monsieur aime Hitler (et à voulu naître le 20 avril, comme son "Führer adoré"), monsieur tant le bras droit comme un automate criant "Heil Hitler", monsieur est le parfait exemple d'une jeunesse aryenne réussite, le premier enfant du Lebensborn, celui qui à normalement le plus réussi (il a même le droit à sa photo dédicacé de la signature de Hitler, il a été baptisé par ce dernier), il est l'enfant-échantillon-type-de-la-pure-race-aryenne. Bref, il est fort désagréable, avec ses remarques antisémites, ses paroles insultantes. Mais c'est très intéressant à lire, à vrai dire. C'est dérangeant, mais intéressant ! Il est, disons, dans le Côté Obscur de la Force...
s
... Mais grâce à Lukas (Lucjan - il est polonais), il vas, comme qui dirait, aller peu à peu vers le Côté Lumineux de la Force. Je ne vais pas trop parler de ce personnage, au risque de vous spoiler. Mais c'est un personnage très intéressant, et qu'on apprécie quasi directement.
x
Quant à la plume de l'auteure. Dur à dire, on sens bien qu'elle est belle. Seulement - et c'est très ingénieux de sa part - elle écrit à la manière de Konrad, son flot de pensées à lui. Du coup, c'est crû (la putain-disidente-accouplée-à-un-Juif, par exemple), c'est gamin (zizi juif, par exemple), mais c'est à l'image de Max (Konrad) qui n'a - il ne faut pas l'oublier- que neuf ans et demi à la fin (et à la fin, il parle correctement). Il est jeune, son vocabulaire est surprenant pour son âge, toutefois, lorsqu'il s'agit d'atrocités nazis, il n'y a plus à être surpris, éc½uré, dégoûté, oui, mais pas surpris. Bref, ce n'est pas désagréable alors, elle n'a pas un style désagréable. Justement, elle a su ajuster sa plume à celle du protagoniste, un exercice qui ne doit pas être extrêmement facile.
x
Pour finir, c'est un très bon livre que je conseille à chacun d'entre vous, ne serait-ce que pour votre culture général. L'histoire est originale, les personnages intéressants. Le roman en lui-même est incroyable, juste et réaliste. Après un livre pareil, on n'en ressort pas indemne.
x
Ma note : 8/10
Votre note : 8,45/10 (3 notes)
x
Challenge D'une rentrée à l'autre de Library of Dreams.
x
/
/
/
/